lundi 17 janvier 2011

Tunisie : la révolution n’est pas finie

Après un mois d’insurrection populaire, le tyran est tombé. Ben Ali et sa clique ont pris le chemin de l’exil. C’est une immense victoire pour le peuple tunisien qui ne peut que réjouir toute personne éprise de liberté. C’est aussi un exemple et un grand espoir pour les peuples de la région qui vivent dans des régimes policiers.
 
Mais la révolution n’est pas finie, le Rassemblement Constitutionnel Démocratique (RCD) détient toujours le pouvoir : 152 sièges sur 189 au parlement, le président par interim Foued Mebazaa et le premier ministre Mohamed Ghannouchi sont des piliers de la dictature. Plus qu’un réel changement, les premières mesures prises dans l’urgence montrent surtout la volonté du pouvoir de calmer la rue. Il y aura des élections dans soixante jours mais selon les règles de l’actuelle constitution, taillée sur mesure pour le RCD. Les consultations pour la constitution d’un gouvernement d’union nationale ont commencé, mais c’est le RCD qui sélectionne les partis qui lui conviennent. Le but de la manoeuvre est clair : il s’agit de confisquer à la rue sa victoire en canalisant la révolte vers le terrain politicien. Le risque est grand que le parti au pouvoir co-opte une opposition servile et instaure une démocratie de façade une fois le souffle de la révolte retombé. On ne peut pas non plus écarter l’éventualité d’un nouveau dictateur ayant, comme Ben Ali, l’aval de l’Élysée et de la Maison Blanche.
Les Tunisiennnes et les Tunisiens sont conscients des écueils qui mettent en danger la liberté qu’ils viennent d’arracher au prix de dizaines de morts. Partout dans le pays, ils s’auto-organisent en comités d’auto-défense pour lutter contre les milices du clan Ben Ali-Trabelsi qui continuent de sévir. Ils ne sont pas dupes des manœuvres visant à maintenir le RCD au pouvoir. Bravant l’état d’urgence toujours en vigueur, le 16 janvier des manifestant-e-s sont à nouveau descendu-e-s dans la rue pour exiger un vrai changement, en criant : « Nous ne nous sommes pas révoltés pour la formation d’un gouvernement d’union avec une opposition de carton-pâte. »
La révolution n’est pas finie, car aucun des problèmes de fond n’est réglé : pauvreté, chômage de masse, corruption, clientélisme, inégalités, etc… Au-delà de l’instauration d’un régime démocratique, la question sociale reste au centre des préoccupations des Tunisien-ne-s. Les maux que connaît le pays ne pourrons être réglés que par une politique énergique de redistribution des richesses en rupture avec la dictature des marchés.
Alternative libertaire affirme son entière solidarité avec la lutte du peuple tunisien pour la liberté et la justice sociale et son soutien aux militants anticapitalistes tunisiens ; elle condamne l’attitude de l’Etat français et plus généralement de la classe politique française, de droite comme du PS, investie depuis toujours dans le soutien au pouvoir autoritaire de Ben Ali.

Alternative libertaire, le 17 janvier 2011

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