Gagner, c’est possible !
Avec une seule journée de grève chez Carrefour, les syndicats
ont obtenu des clopinettes. Après plusieurs semaines de grève, les
salarié.es des Catacombes de Paris engrangent une vraie victoire. Gagner ? Oui
c’est encore possible, à ce prix là. En Normandie, les hospitalier.es
ont été malheureusement obligé.es d’ajouter la grève de la faim pour
obtenir satisfaction.
La peur doit changer de camp
Au niveau de l’entreprise, tout syndicaliste le sait, rien de sérieux
ne peut être arraché au patron tant qu’il ne craint pas un arrêt de
production. Dès qu’il n’a plus peur d’une grève, d’un blocage, d’un
sabotage, il ne cède plus sur rien. Et c’est pareil au plan national.
Les journées d’action isolées, même massives comme en 2010 pour les
retraites, ne permettent pas de gagner. 50 ans après la grève générale
de Mai 68, la grande peur des capitalistes est retombée et ils frappent
de plus en plus fort pour casser nos acquis et nos services publics.
Depuis 1983, l’offensive des patrons et de l’Etat, qu’il soit géré par
la « droite » ou la « gauche », monte en puissance. Chaque recul des
travailleurs et des travailleuses étant un encouragement à aller plus
loin et plus vite.
La grève durable
Même les économistes libéraux chiffrent aisément ces succès de
l’offensive patronale : les riches sont toujours plus riches et les
pauvres toujours plus nombreux. Après 35 ans de défaites successives, la
destruction de milliers d’entreprises et de millions d’emplois, les
travailleurs et travailleuses hésitent à se lancer parce qu’ils
ressentent le niveau de combat nécessaire à une victoire. Mais il n’y a
pas d’autre chemin.
Il est évident que seule une grève générale reconductible pourrait renverser la vapeur.
Et si le dire ne suffit pas à la construire, le taire serait mentir.
Les syndicats devraient tenir un langage sans équivoque pour préparer
les esprits aux sacrifices qu’impose un véritable affrontement. Pas de
victoire sans souffrances : c’est dur mais c’est la réalité de la lutte
des classes.
L’exemple de la SNCF
Il revient naturellement aux salarié.es concerné.es de déterminer
leur mode d’action. Et nous ne chercherons pas à faire la leçon aux
camarades qui totalisent courageusement plus d’un mois de grève ce
printemps.
Néanmoins, nous qui avons toujours mis en cause le calendrier de grève
en pointillé, nous posons la question : quitte à perdre un mois de
salaire, n’aurait-il pas été plus efficace de se lancer dans une grève
reconductible
? Une toute autre dynamique,
en interne comme pour les autres secteurs professionnels, était
possible. La direction (et les usager.es) souffrent certes mais
finalement se sont adapté.es. Le calendrier prévu sur trois mois a de
plus vidé d’intérêt les AG où les cheminot.es se font rares puisqu’il
n’y a rien à débattre sur les suites de l’action. De toute évidence même
à la SNCF il n’y aura pas de succès sans une paralysie prolongée de
l’entreprise.
Rendez-vous au Medef !
Chaque année, fin août, le Medef tient son Université d’été dans les
Yvelines. Chaque année un petit rassemblement s’y tient. Pour une bonne
rentrée sociale, pour que la peur change de camp vraiment, bloquons les
patrons et ministres qui prépareront là leurs prochaines attaques contre
les travailleurs et les travailleuses.
Alternative Libertaire, 28 juin 2018