Le changement, c’est pour quand ?
Il n’y avait déjà pas beaucoup d’engagements dans le
programme de Hollande. Il a beaucoup parlé de justice et d’éducation
mais souvent en termes flous. Or à peine son gouvernement nommé, il
entend déjà revenir sur ses engagements concernant la retraite à 60 ans.
Il s’agissait déjà d’une demi-mesure ne revenant pas sur la « décote »,
instaurée par l’UMP, qui diminue les pensions des salarié-e-s ayant
moins de 41 annuités de cotisation. Aujourd’hui Hollande entend en plus
ne pas prendre en compte les périodes de chômage et de congé maternité
dans le calcul de ces annuités.
Autre engagement phare : le non-cumul des mandats. Au final, il se
restreint aux mandats de maires ou d’adjoints municipaux. Ouf ! Les
notables du PS vont pouvoir conserver leurs postes et les indemnités qui
vont avec. De même, quand Hollande annonce « les troupes françaises
quitteront l’Afghanistan », il faut comprendre « 1550 militaires sur
les 3550 présents resteront sur place ».
Austérité : on résiste ou on se soumet !
Au-delà de ça, il faut que nous restions lucides sur ce
qui se prépare. Les patrons sont en train de ressortir les plans sociaux
reportés pendant la campagne présidentielle. Air France prévoit 5000
suppressions de poste, Carrefour 4000, PSA 6000, sans compter les
innombrables emplois menacés dans les filiales de ces grands groupes.
Que vont faire les socialistes face à ces licenciements ? S’opposer
franchement au pouvoir patronal ? Ou déclarer que « l’Etat ne peut pas
tout » et laisser faire, comme Jospin lors de la fermeture de Renault
Vilvorde en 1997 ?
Les marchés financiers semblent en tout cas avoir un
avis sur la question : ils ont tout à fait imaginé l’élection de
Hollande et parient qu’il va se plier à leurs exigences, ou mieux, qu’il
va nous dorer la pilule. De fait, l’exemple de la démission forcée de
Papandréou en Grèce, après que celui-ci ait osé proposer un referendum
sur les plans d’austérité, montre que les marchés et les technocrates
européens à leur service n’hésitent pas à mettre la pression aux
gouvernements qui sortiraient des clous. La demi-austérité n’est donc
pas possible : soit on rompt avec celle-ci, soit on l’organise.
Mettons la pression !
Le futur n’est pas écrit. Ce qui sera déterminant pour
inventer une autre société, ce seront les résistances que nous pourrons
opposer aux licenciements et aux politiques d’austérité. Et c’est sans
attendre qu’il faut construire ces résistances. Le gouvernement Hollande
va vite être mis face à ses contradictions et il faut dès maintenant
lui mettre la pression, sans être indulgent-es avec les demi-mesures
qu’il propose.
Dans tous les cas, ce gouvernement n’est qu’une transition. Soit il
capitule face aux exigences des patrons, des banquiers et des
technocrates européens et alors il ouvre la voie à la droite et à
l’extrême-droite. Soit nous parvenons à imposer nos revendications et
alors il faudra pousser plus loin dans la rupture avec les politiques
d’austérité : remettre en cause la direction de l’économie par les
patrons et les financiers en bloquant les dividendes et en imposant un
droit de véto des travailleur-se-s sur les licenciements, développer les
services publics et les mettre sous contrôle des usager-e-s, ouvrir les
frontières à la circulation des personnes et non seulement des
marchandises. Bref, faire émerger une alternative au capitalisme.
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