Pour la liberté d’expression
et contre l’union sacrée
Le carnage perpétré au siège de Charlie Hebdo
a suscité une vague d’indignation et de colère parfaitement légitime
que nous partageons. Nous condamnons sans réserve ce massacre qui vise à
semer la terreur et à réduire au silence des journalistes qui
défendaient la liberté d’expression. Nous condamnons avec la même
détermination la violence antisémite meurtrière qui s’est déchaînée
contre les client-es du supermarché casher de la porte de Vincennes.
Nos pensées vont tout d’abord aux proches des victimes et nous leur exprimons tout notre soutien.
Ces attaques sont l’œuvre de fascistes religieux qui rêvent d’imposer
leurs illusions mortifères à la société. Nous devons être très clairs
en dénonçant sans réserve ce fanatisme. Nous combattons tous les
fascismes, qu’ils prospèrent sur fond de nationalisme ou
d’obscurantisme, et quels qu’en soient les guides ou les prophètes. Ils
veulent terroriser, provoquer délibérément l’horreur et la peur, créer
une situation de tension extrême. En cela ils sont parfaitement
complices du FN et de l’extrême droite.
Et comme nous le redoutions, nous constatons dès à présent que cette
tuerie sert de prétexte pour alimenter les discours racistes et
justifier des attaques contre des lieux de culte musulmans.
Nous entendons déjà les scribouillards réactionnaires et les
politiciens opportunistes reprendre en boucle la théorie fumeuse du
« choc des civilisations » et profiter de cet événement pour renouveler
leurs charges contre les immigré-e-s, les étranger-e-s, les
musulman-e-s.
Nous ne sommes pas moins choqué-e-s de la récupération politique en
particulier par le gouvernement Hollande. L’appel à « l’unité
nationale » n’est rien de moins qu’une vaste opération de confusion
visant à justifier :

Les
interventions militaires de la France en Irak, au Mali, en
Centrafrique. Le but premier de ces interventions étaient de protéger
les intérêts impérialistes des entreprises françaises dans ces régions
et les dictateurs en place, pas de combattre le djihadisme, que la
France n’a pas hésité à armer dans d’autres situations.

Une
nouvelle offensive liberticide. Comme après le 11 septembre 2001, les
gouvernements en place vont, sous couvert d’antiterrorisme, imposer de
nouveaux dispositifs de fichages, qui ont montré depuis qu’ils étaient
majoritairement utilisés contre les militant-e-s politiques et
syndicaux.

la
politique antisociale du gouvernement. En surfant sur le choc
émotionnel qui nous touche toutes et tous, Valls et Hollande entendent
bien faire passer au second plan leur politique austéritaire, en
particulier le projet de loi Macron, qui sera présenté à l’Assemblée
nationale fin janvier et prévoit son nouveau lot de remises en cause des
moyens de défense des salarié-e-s (prud’hommes, inspection du
travail…), de facilitation des licenciements, de banalisation et de
baisse de la rémunération du travail de nuit et du dimanche.
Plus généralement, parmi les forces politiques qui s’indignent
aujourd’hui, bon nombre sont en grande partie responsables du climat
délétère de par leur stigmatisation des travailleurs-ses immigré-e-s et
de leurs enfants, en particulier lorsqu’ils sont supposés musulmans.
Cette récupération est d’autant plus indigne que les journalistes de
Charlie Hebdo
assassinés n’hésitaient pas à condamner les politiques des Hollande,
Sarkozy ou Le Pen. S’il avait fallu écouter le PS et l’UMP, le FN aurait
dû être invité à leur « marche républicaine » de dimanche. Qu’auraient
pensé de tout cela les journalistes assassinés ?
Nous regrettons la transformation de la manifestation de dimanche
prochain, initiée par les organisations antiracistes, en une « marche
républicaine » dont Valls se voudrait l’organisateur et où Sarkozy
défilera.
Farouches opposants de « l’unité nationale » pour les raisons
décrites plus haut, nous ne participerons pas à cette marche. Il est de
toute première urgence que celles et ceux qui sont révolté-e-s par cet
attentat fasciste et refusent de défiler derrière Sarkozy et Valls, qui
veulent résister au racisme et combattre les discriminations, qui
s’opposent aux politiques sécuritaires et liberticides se regroupent et
reprennent l’offensive.
Signataires : Alternative libertaire, Mouvement des
Objecteurs de Croissance, Nouveau Parti Anticapitaliste, Parti
Communiste des Ouvriers de France